Association Française des Pilotes de Montagne |
Henri
GIRAUD
Atterrissage au Mont Blanc 23 JUIN 1960 |
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AVIANEWS 1975 |
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Mont Blanc - 1er plan: Lac de Roselend
Henri Giraud a vaincu le
Mont-Blanc C'est
mon dix-millième atterrissage au Mont-Blanc.
Ah
! ce Mont-Blanc...écrit-il,la
haute
mission d'exemple que je m'étais fixée m'interdisait
d'échouer. En
survolant la vallée du Grésivaudan, où serpente l'Isère et
qui s'étale entre la chaîne de Belledonne et la falaise
abrupte du Massif de la Chartreuse, on peut découvrir, par
beau temps, dans l'azur du matin, la gigantesque épaule
blanche du Mont-Blanc. Le soir, vers l'autre extrémité de la vallée, se profile contre le ciel orangé du couchant une montagne à la forme bizarre, un tronc de pyramide : le Mont Aiguille. Ces deux pôles, ces deux bastions d'un empire aérien, ce sont les deux plus grandes "premières" de Giraud.
A époque où s'organisait le Secours en montagne, il a prouvé ce que l'on pouvait faire avec un avion en ramenant 24 blessés. Les
témoins
Les minutes passent : ils apprennent que le pilote a
renoncé à cause des difficultés de l'expédition Mais un
autre pilote intervient : c'est Jean Moine. Il est
directeur de Fenwick Aviation, agent pour la France
d'Agusta Bell.
Au
moins, lui, l'a déjà fait : poser un hélicoptère au sommet
Mont-Blanc, à l'époque où même Alouettes n'avaient pas
assez de puissance en altitude pour monter aussi haut !
Jean Moine s'y est posé plusieurs fois.
Mais Jean Moine est ému. Ses deux passagers le sont
aussi. Aimé Mollard atteint sans doute là les plus
grands moments de sa carrière. De Giraud, il est
l'ami, le reporter, le compagnon de vol et le co-pilote
avec lequel il s'est posé des milliers de fois sur des
glaciers... et deux fois sur le Mont Aiguille, dans le
Vercors.
Giraud a décollé de Grenoble à 4 h. Il est déjà 4 h 45 lorsque Jean Moine décolle à son tour; vingt-sept minutes plus tard, il dépose cette première équipe sur le Dôme du Goûter.
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L'avion de Giraud apparaît, le Choucas, Super Piper du Secours en Montagne. Son avion porte-bonheur. Le pilote est en vue du Mont-Blanc depuis les 5 h du matin. Ses amis remarquent qu'il navigue droit vers le Mont Blanc, puis s'attarde le long de ses flancs. Une bombe fumigène est allumée du sommet du Dôme pour donner la direction du vent. Bientôt Giraud se pose au col du Dôme, là où Durafour s'est posé en 1921, à 4.200 mètres. Le
deuxième hélicoptère se pose à son tour, un Giovani
Agusta, piloté par Jacques Pététin. Celui-ci est un
ami du préfet de Haute-Savoie, M. Jacquet. Il est
allé réveiller ce dernier en lui disant qu'il l'emmenait
au Mont-Blanc. Jean Moine entreprend alors de transporter ces hommes au sommet du Mont-Blanc. La portance diminuant, il ne peut embarquer qu'un seuil passager à la fois : Giraud, Jeanvoine, Mollard et le préfet. L'hélicoptère de Jacques Pététin ne peut pas monter aussi haut. Pour Giraud, opération primordiale : il s'agit d'inspecter le terrain et de déterminer l'aire d'atterrissage. Ce terrain, que de fois ne l'a-t-il pas scruté d'avion depuis deux ans ! L'arête du Mont-Blanc est très aiguë. Elle ne comporte qu'un seul méplat, d'une longueur maximale d'environ 20 mètres. Giraud choisit une surface très inclinée, où la neige n'est pas trop croûtée ni vaguée. Deux bandes noires sont tracées sur le sol à l'aide de poudre de charbon..qui provient de la cave de Mollard ! Giraud décolle, passe à la verticale de la piste, fait un tour du sommet. Il remarque qu'un vent de face, donc rabattant, et d'environ 20 km/h s'est levé. C'est mauvais. Chacun se pose alors la question cruciale : l'exploit est-il réalisable ? Ils vont laisser partir leur ami ! Le verront-ils périr sous leurs yeux ? Il
fait très froid, -10°, mais le temps est splendide.
La neige est poudreuse. Giraud
se présente. Il touche le sol à l'endroit même qu'il
a désigné du talon. Mais l'avion arrive à toute
vitesse, rebondit trois fois, puis franchit le bord de
l'abîme, où il disparaît côté Chamonix. Jean Moine,
qui assiste à la scène des commandes de son hélicoptère, a
le frisson. Au sol, les témoins sont horrifiés: ils
ne voient ni n'entendent plus rien. Le lourd silence
se prolonge terriblement. Car ce n'est que cinq
minutes plus tard que l'avion fait sa réapparition !
Les skis touchent à nouveau avec la même précision mathématique, dans les traces précédentes, mais moins vite. Le Choucas rebondit. C'est à cause d'une croûte. Puis il accomplit un christiania de 90'. Les trois hommes présents se précipitent pour saisir l'aile, les haubans de l'avion dont le moteur tourne encore. "Il faut s'appeler Giraud ! " s'écrie Aimé Mollard. Giraud
descend.
Ces hommes sont fous de joie. Une sorte de cérémonie
s'organise. Image de la confiance en soi et du triomphe, Giraud brandit son drapeau tricolore; il semble comme enraciné dans ce sol qu'il vient de conquérir .Devant lui, le préfet, au garde-à-vous ,lui rend hommage et s'incline devant les couleurs française hissées à 4807mètres. Pages Henri Giraud:
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Sommet du Mont Blanc 4807m - Dôme du Gouter à droite _ 23 Juin 1960 au sommet du Mont Blanc
Dans
le ciel, le Jodel du "Progrès", piloté par le colonel
Dardaine, bat des ailes. A son bord se trouve un ami
intime de Giraud, écrivain et alpiniste chevronné, le
Président National du Secours en Montagne, Félix
Germain. Les deux hélicoptères sont dans les airs.
Flash
back Ce qui est de diabolique, c'est aussi la difficulté de doser les gaz : pas assez de gaz, trop court à l'arrivée; on retombe, l'avion se retourne sur le dos pour chuter dans l'abîme. Trop de gaz, trop de vitesse, trop long: en arrivant au sommet, on est éjecté de l'autre côté. "On efface le Mont-Blanc". Il faut donc être ni trop court, ni trop long, Comment ? Par dosage, comme le sel dans les plats, précise Henri Giraud. Du côté du rocher de la Tournette, il y a un épaulement... C'est au sommet de cette pente que se trouve le Dôme, et pour l'atteindre, Il faut faire un christiania de 90' sur la gauche : je suis arrivé juste au bord, avec une aile inclinée au-dessus du vide, du côté italien. Je ne voulais pas couper les gaz, c'est pourquoi les témoins se sont précipités. Une conclusion d'Henri Giraud à l'emporte-pièce : " La plupart des gens n'utilisent pas plus de 10% des capacités de leur cerveau ! Vous connaissez maintenant une méthode pour un meilleur rendement de vos capacités cérébrales ! A bon entendeur... Rendez-vous au sommet du Mont-Blanc ! "
photos jp Ebrard |