Un grand minimum de formation est indispensable...
pour s'éviter la casse immédiate alors qu'en théorie rien ne s'impose aux pilotes d'ULM.
-Pour pratiquer les atterrissages en montagne l'été, il
n'est requis aucun équipement spécifique. Presque tous les
avions légers peuvent se poser en altitude. Altitude qui ne
dépasse généralement pas les 2 000 m pour les sites d'été,
mais qui atteint 3 000 m et plus l'hiver sur skis.
-Une hélice petit pas est recommandée. Pour la plupart des
ULM qui peuvent régler le pas de leur hélice, il faut
trouver un compromis entre le "grand pas voyage" et le
"petit pas" décollage courts.
-Il convient de voler le plus léger possible. Avec
l'altitude, les performances se dégradent rapidement. La
motorisation a, bien sûr, aussi son importance. Un Rotax 912
peut vous emmener au-dessus du Mont-Blanc alors qu'un 503
vous traînera dans le fond des vallées.
-Pour les ULM dont les performances de décollage et
d'atterrissage surclassent souvent la plupart des avions, se
poser en altitude sur les altisurfaces ne doit poser que peu
de problèmes, hormis ceux du pilotage en approche et à
l'atterrissage.
-La visualisation des assiettes de vol et pentes de montée
ou descente est la principale difficulté. Le pilote de
plaine voit nettement la ligne d'horizon , la bonne assiette
de vol est facile à repérer. En montagne : plus de repères.
Les trajectoires de montée ou descente sont difficiles à
apprécier.

Atterrissage au Lac Fourchu.
(Coyote) L'une des altisurfaces les plus délicates: terrain très court, forte pente en entrèe de piste
-Il est courant qu'un pilote en finale d'atterrissage sur altisurface soit en vol horizontal, voire en montée, alors qu'il se croit établi sur un plan de descente. Et pour arriver sur le site d'atterrissage, il faut survoler les reliefs, passer des cols, longer des falaises, bref... autant d'occasions de se faire peur.. ou pire. Mais sachez que le pire est malheureusement souvent au rendez-vous des pilotes inexpérimentés ou téméraires. En montagne, la casse est courante, même pour les bons pilotes. Il faut une réelle humilité pour aborder ce type de vol.

Ici un problème technique a été la cause de ce capotage qui n'a causé que la casse d'une pale d'hélice.

Rupture d'un cable avant d'un ski qui se plante dans la neige pendant le décollage. Coup de frein brutale et "soleil"... merci aux randonneurs qui ont aidé à redresser la machine.
-Par contre, les accidents corporels les plus graves sont
généralement le fait des appareils en transit dans les Alpes
et naviguant en conditions météo médiocres. Souvent, mais
pas seulement. En quelques années, 3 accidents de pilotes
grenoblois expérimentés ont fait 7 morts ! Plus qu'ailleurs,
la règle d'or est de ne tenter un atterrissage que si l'on
est sûr de soi à 100 %. Cela suppose d'avoir reconnu le site
au préalable avec un pilote expérimenté.
-Au cours de l'entraînement pour la qualification montagne,
les pilotes "avion" reconnaissent bon nombre d'altisurfaces.
Chaque altisurface a ses caractéristiques et ses pièges mais
aussi ses repères à connaître pour éviter les erreurs
grossières.
-Quelques heures aussi de navigation ne sont pas superflues
pour apprendre à passer les cols de la bonne façon, garder
les marges de hauteur et de distance par rapport au relief,
s'engager dans une vallée étroite, ne pas se perdre. Au
début, toutes les montagnes se ressemblent, apprécier son
altitude n'est pas toujours évident avant d'aborder un
massif.
-Et quand l'aérologie s'en mêle, la promenade tranquille
devient rodéo. Les cols deviennent infranchissables. Sous le
vent du relief, on se retrouve plein pot en assiette de
montée avec des varios totalement négatifs. Mais comme en
principe, un rabattant ne fait pas de trou dans le sol, il y
a en général une solution pour retrouver des conditions de
vol acceptables... à condition d'avoir vu tout ce qui
précède.
Un grand minimum de formation est indispensable pour
s'éviter la casse immédiate alors qu'en théorie rien ne
s'impose aux pilotes dULM. Nous avons pu voir l'hiver
dernier, un pilote de pendulaire faire un bel atterrissage
sur le glacier de Saint Sorlin à côté de avions. Le pilote
avait vu les avions évoluer, mais n'étant pas équipé de
ski.... il a fait de l'avion stop, la machine, elle est
repartie sous hélicoptère !
La glace des glaciers est recouverte d'une épaisse couche de
neige, souvent poudreuse et profonde. L'été il n'est pas
possible de s'y poser, il n'y a plus de neige et les
crevasses ouvertes sont nombreuses.
il faut considérer 3 catégories d'atterrissages
nécessitant des qualifications différentes.
-Sur ALTIPORT avec qualification de site pour chaque
altiport. Sur ALTISURFACES(avec ou sans skis) et sur
glaciers : qualification montagne. De plus, pour les
altiports et altisurfaces enneigés, une "extension neige"
complémentaire est requise pour la pratique avec skis.
-Vous avez compris que l'apprentissage montagne en avion se
fait par étapes successives souvent laborieuses et toujours
coûteuses, à moins de commencer directement l'entraînement
par la qualification altisurfaces enneigées et GLACIERS qui
permet aussi les atterrissages sur altiports et altisurfaces
l'été.
-En ma qualité de pilote avion membre de l' "AFPM"
-Association Française des Pilotes de Montagne", et pilote
ULM convaincu, j'ai demandé à mes collègues "avion" de
prendre en compte le mouvement ULM et les pratiquants du vol
montagne.
-Malgré quelques réticences psychologiques, surtout des
anciens pilotes attachés à leur rôle précurseur et à leur
domaine quelque peu réservé (je cite le bulletin AFPM), le
conseil a décidé d'accepter les pilotes de montagne en ULM
et de suivre de près l'évolution générale. L'AFPM se
considère, en effet, comme responsable de l'activité
aérienne privée en montagne.
-Il est souhaitable que tous les pilotes ULM qui envisagent
d'atterrir en montagne le fassent en respectant les règles
élémentaires de sécurité. A savoir :s'entraîner avec un
pilote confirmé avant d'aborder non seulement des sites
délicats mais aussi ceux qui semblent faciles. Les
accidents;de pilotes avions sont nombreux, bien qu'ils
soient expérimentés et évoluant dans un cadre réglementé.

Si nous, pilotes ULM, multiplions les accidents en
montagne, nous risquons de voir cette activité réglementée
par une DNC contraignante.
-Les pilotes de l'AFPM peuvent apporter le soutien technique
indispensable. Il ne faut pas croire que la capacité de nos
machines à se poser court nous mette à l'abri des problèmes,
les causes d'accidents sont dans l'appréciation globale
d'une situation de vol.
-La meilleure façon d'acquérir une expérience de pilote de
montagne pourrait être de commencer par s'entraîner, en
double commande, à l'ALPE-D'HUEZ. C'est l'altiport dont les
caractéristiques de pente sont les plus représentatives pour
acquérir la visualisation et le dosage de la puissance, de
l'arrondi jusqu'à l'arrivée sur la plateforme pratiquement
plein gaz. On est à l'atterrissage dans la configuration
décollage en plaine
*Que dit la règlementation?
1) l'arrêté du 12 juillet 1963 réglemente le vol en montagne
en France. Cet arrêté ne prévoit pas l'utilisation des
altisurfaces par les ULM et pour cause (en 1963 ... ) ;
2) l'arrêté du 13 mars 1986 fixe les conditions dans
lesquelles les ULM peuvent atterrir ou décoller ailleurs que
sur un aérodrome. C'est le premier texte officiel
reconnaissant l'existence des ULM.
3) l'arrêté du 24 juillet 1991 (modifié le 12 juillet 1993)
relatif aux conditions d'utilisation des aéronefs civils en
aviation générale, précise que la définition des avions
englobe aussi les ULM.
-Il n'existe à l'heure actuelle aucun texte relatif à
l'utilisation des altiports, altisurfaces et glaciers par
les ULM, pendulaires, 3 axes ou paramoleurs. Un vide
juridique existe dans la limite du respect des arrêtés
ci-dessus.
-Les ULM peuvent-ils utiliser les glaciers, altisurfaces et
altiports ? Oui, sous réserve du respect des mêmes
contraintes que les avions (équipement radio, matériel de
signalisation, de secours et de survies, fiches de circuit,
conduite à tenir en cas d'accident, consignes locales, etc.
L'usage d'une fiche de circuit avec heure limite de retour
avant recherches est très importante.
-Les pilotes doivent-ils être titulaires de la qualification
"montagne" ? Non. Cette qualification ne peut pas être
apposée sur une licence de pilote ULM. Les heures de vol ne
peuvent être comptabilisées comme heures d'entraînement en
vue de la qualification montagne.
-Les pilotes ULM peuvent-ils se poser en montagne ailleurs
que sur une altisurface ? Oui, en respectant l'arrêté du 13
mars 1986 autorisation du propriétaire, exploitant ou
mairie. Et l'accord de l'aviation civile s'il y a activité
de baptêmes de l'air qui sera alors considérée comme
"manifestation aérienne".
-Toutes les altisurfaces ou glaciers sont répertoriés. Voir
les "AIP" (documents disponibles dans tous les bureaux de
piste) ainsi que 2 guides : Alpes et Pyrénées, qui décrivent
de façon très complète la quasi-totalité des altisurtaces.
(le guide du pilote en montagne, éditions Cépaduès).
-Autre point réglementaire : l'homologation des skis.
Contrairement à ce que beaucoup croient, "tout système" non
prévu par le constructeur doit faire l'objet d'un additif au
dossier technique déposé auprès du SFACT. Concernant les
skis rétractables en vol de mon Coyote, j'ai établi un
dossier technique avec rapport d'essais et consignes de vol
que les Avions Rans ont fait eux-mêmes homologuer. Dans ce
cas, ce type de skis est validé pour tous les Coyote II
français.
-Pour les essais, une immatriculation provisoire est à
demander à la Direction de l'Aviation Civile (DAC) de votre
région, laquelle enregistrera ensuite votre dossier de
modification. Si vous ne passez pas par le constructeur,
cette homologation ne concernera que votre appareil. Il est
à noter malheureusement que certaines DAC trop
"administratives" demandent non pas le dossier de
modification mais aussi la totalité du dossier constructeur
qu'il n'est normalement pas nécessaire de fournir puisqu'il
est déjà enregistré sous un numéro qui figure sur votre
carte d'identification.
-Enfin, n'oubliez pas qu'en montagne la fréquence
obligatoire est 130.0 à utiliser au voisinage de tous les
sites en auto-information (sauf altiports qui ont chacun
leur fréquence), qu'il y a des circuits d'évolution à
respecter, nous sommes quelquefois plusieurs à tourner en
entraînement, et qu'il ne faut jamais survoler les parcs
nationaux à moins de 1000 m et les parc régionaux à moins de
300 m.
Bons vols à tous.
publication "VOL MOTEUR" N° 132 - 1996
-texte et photos:jp Ebrard